Hiipeva Ateni est un jeune entrepreneur de Mahina, fondateur de l’entreprise “Magic Tours” et guide de voyage. Pourtant, rien ne le prédestinait à une telle aventure entrepreneuriale. Zoom sur un parcours exemplaire.
Devenir guide de voyages
Le 4 juillet 2019, Hiipeva Ateni a créé “Magic Tours”, une entreprise surfant sur la vague du tourisme aux Etats-Unis pour les Polynésiens. “J’ai toujours beaucoup aimé les voyages, depuis que je suis tout jeune. J’ai commencé à voyager à l’âge de 11 ans, avec mes parents. Et avant ça, quand mes camarades de classe revenaient de voyages à l’étranger et qu’ils nous racontaient leurs aventures, je voyageais déjà grâce à eux !”
De ce premier voyage en famille, Hiipeva retient en particulier un séjour aux Etats-Unis où le groupe sera pris en charge par Max Richmond, Polynésien installé aux States et guide de voyage. “Je me souviens de la gentillesse de Max, de l’attention qu’il nous portait. Il connaissait bien son spot et savait nous trouver de bons plans, comme par exemple une sortie imprévue au cirque Barnum !”
En mai 2018, Hiipeva encadre un groupe de personnes du club de Tae Kwon Do dont sa femme est la présidente. Toute l’équipe se rend à Los Angeles pour une rencontre internationale. “Pour ce déplacement, j’ai vraiment bien préparé les choses. J’étais conscient que j’avais la responsabilité de ce groupe, sur le plan de la sécurité, de l’organisation des visites, des sorties shopping. Il fallait anticiper les éventuels problèmes, cadrer tout le monde et en même temps, et c’était le plus important, faire que ce voyage soit super, que chacun en garde un bon souvenir.”
C’est durant ce déplacement que Hiipeva, sur les conseils d’un manager d’hôtel, va envisager de faire de ce travail un métier. “Ce manager a tout de suite vu mon potentiel. Il m’a encouragé à me lancer dans cette activité et m’a soutenu en m’offrant l’accès à son réseau.”
Proposer un voyage marquant
A partir de là, l’idée prend racine et devient une réelle activité. “Le but est d’organiser et d’accompagner les groupes de personnes qui souhaitent voyager sur les Etats-Unis mais aussi vers d’autres destinations. Je m’occupe de tout organiser, le transport jusqu’au séjour sur place, les visites, le shopping, etc… Je travaille en partenariat avec d’autres professionnels, tels qu’une agence de voyage sur Tahiti pour l’achat des billets d’avion, ou encore des hôtels ou des agences de location de voitures sur Los Angeles, par exemple.”

Pour Hiipeva, les valeurs de son entreprise sont la sécurité, la discipline et le fun. “Je m’engage sur ces trois aspects, qui me semblent absolument primordiaux. Je tiens à faire en sorte que cette expérience soit la plus merveilleuse possible pour qu’elle marque vraiment mes clients. S’il y a des demandes particulières, comme de trouver un magasin spécialisé peu connu, je m’assure toujours que ce magasin soit disponible, ouvert au moment où on s’y rendra. Je fais du “sourcing”, c’est-à-dire que je cherche les endroits appropriés, les meilleurs plans ! C’est toute la différence qu’il y a entre le fait de voyager sans guide et avec moi comme guide. ”
Un travail d’équipe
La mise en place de ce projet ne s’est pas faite en solo. En effet, plusieurs personnes ont participé, ont apporté leurs savoirs et savoir-faire. Hiipeva tient ici à les remercier. “Il y a Teiva Wong, Moana Pugibet, mon frère Maruarii et bien sûr ma petite famille, à la maison.”
Sans eux, ce business n’aurait sans doute pas vu le jour. “Je pense qu’on ne peut pas se lancer seul dans un business. Il faut s’accrocher, être persévérant, étudier le projet. Et si on se lance, c’est qu’on est prêt.”
Retour sur le parcours de ce jeune entrepreneur
Salarié de l’Education
Il y a encore à peine quelques années, Hiipeva Ateni était surveillant en internat au lycée du Taaone. Il travaillait tous les week-end à s’occuper des jeunes pensionnaires originaires des îles. “Ce furent des années très enrichissantes en termes de relations humaines, riches car ces élèves sont maintenant de jeunes adultes Polynésiens, responsables, parents, et sont devenus des amis avec qui je continue d’échanger.”
Ce passé, Hiipeva le considère comme un beau moment de sa vie. “J’admirais ces jeunes car ils avaient les valeurs des jeunes des îles, qui parlent encore leur langue natale.” Être leur surveillant, c’était aussi être leur confident, leur parent, le psy, le médecin, un peu tout à la fois.
Hiipeva se souvient d’un épisode particulièrement impressionnant et marquant : les inondations à l’internat de Pirae, lors des pluies diluviennes qui s’abattirent sur Tahiti en 2017. “Ce soir-là, l’eau est montée jusque dans les dortoirs. Nous avons été confrontés à nous-mêmes et on a pu faire face parce que les jeunes n’ont pas paniqué. Mais c’est un moment qui restera gravé dans nos mémoires !”
Changement de voie
Si le métier était passionnant en termes de qualité relationnelle, l’aspect administratif et politique du système était par contre décevant.
“J’ai vu mes collègues partir à la retraite en me disant que je finirais comme eux. D’un autre côté, je regardais aussi les gens qui réussissent, les chefs d’entreprise. Ils avaient l’air heureux, épanouis et je me demandais comment ils faisaient pour vivre cette vie-là…”
Hiipeva se met alors en tête de passer le concours de CPE (Conseiller Principal d’Education) afin d’évoluer dans sa carrière. Cela l’encourage à se remettre dans les études et à passer, à l’âge de 35 ans, une Licence en Sciences de l’Education. “Cela m’a permis de m’intéresser à la lecture, moi qui n’avais jamais vraiment été un bon élève, de prendre du temps pour réfléchir à tout ce qui avait trait à la pédagogie et à la psychologie, à la philosophie et à la compréhension de l’être humain.”
Cette reprise d’études permet à Hiipeva de s’ouvrir l’esprit et de réaliser que le train-train “auto-boulot-dodo” ne lui convient pas du tout.
Une formation commerciale
Hiipeva n’a pas perdu de vue ses interrogations quant à la réussite professionnelle des entrepreneurs. Il est en quête de réponses. Jusqu’à ce fameux jour où, sur Facebook, il voit passer une présentation concernant une formation privée en commerce.
“Je suivais déjà quelques leaders sur Youtube, comme Olivier Seban. Alors, j’ai décidé de participer à un séminaire public. J’y suis allé avec mon “I know that”, attendant juste qu’on me vende un programme. Au final, j’ai été très impressionné par ce que j’ai vu.” Hiipeva ne s’inscrit pas tout de suite mais se procure les livres dont il est question dans ce séminaire, entre autres, “Les secrets d’un esprit millionnaire”, de T. Harv Eker.
“C’est le premier livre que j’ai lu du début à la fin. Je l’ai dévoré ! Ça a été une révélation !”
Sa décision est prise de suivre cette formation et cela va changer sa vie. “Je me pose enfin les bonnes questions, celles qui vous remuent les tripes, du genre : “A quoi je sers ? C’est quoi ton “Why” ?”. Jusqu’alors, je ne m’étais pas remis en question. J’avais un travail, un salaire et voilà ! Là, j’ai découvert un autre aspect de moi-même.”
Hiipeva se souvient d’un exercice qui consistait à faire la liste de ses relations et de leurs métiers. “Au début, je n’avais que des salariés dans mes relations ! Le seul entrepreneur que je connaissais, c’était mon coach. Maintenant, cette liste a totalement changé ! J’ai intégré un réseau d’entrepreneurs, un réseau de confiance. On partage tous les mêmes valeurs. On peut se dire les choses et on s’encourage mutuellement.”
La gestion financière
La première chose que Hiipeva retient, c’est la gestion des finances de la famille avec le “Jar System” enseigné par T. Harv Eker. “J’ai découvert qu’il fallait créer une habitude. Mettre des pièces dans des boîtes, investir, jusqu’à ouvrir différents comptes en banque pour la mise en place du système.”
Puis il s’intéresse au jeu du “Cash Flow” de Robert Kiyosaki. “Je l’ai enseigné à mes élèves de l’internat. Après le Monopoly, ils ont adoré ce jeu. C’était en anglais, il fallait le traduire. Je ne sais pas s’ils ont compris sur le moment, mais je savais que ça allait leur être utile plus tard dans la vie.”
Devenu un lecteur assidu, Hiipeva privilégie les ouvrages axés sur la technique de développement d’une entreprise, sur la maîtrise de l’aspect financier et la relation à l’argent. “Un conseil que je peux donner à tous ceux qui veulent en apprendre un peu plus, c’est de s’abonner sur Youtube à la chaîne “Mind Parachutes” et à celle d’Olivier Seban.”
De nouvelles valeurs
La maîtrise de l’aspect financier n’est pas la seule chose que Hiipeva a retenue : “Par exemple, la santé ne faisait pas partie de mes valeurs, je ne pensais pas que la santé était une valeur d’ailleurs !”
Il fait le constat malheureux de ce manque : “A quoi bon être riche si tu n’as pas la santé ? J’ai mis la Santé en valeur n°1 dans ma vie. C’est pourquoi, après un séminaire, j’ai pris des décisions importantes. J’ai fait une “sleeve” (ablation de l’estomac) pour m’aider à retrouver un poids de forme. J’avais déjà tenté les régimes et tout le reste mais je n’avais pas réussi. Ensuite, j’ai pris conscience que je devais apprécier et valoriser la personne qui partage ma vie, ma femme, la mère de mes enfants. J’ai pris le temps de mieux la connaître, de voir ses qualités, de raviver la flamme. Et depuis on s’est mariés ! J’ai fait les bons choix et je les ai assumés.”
Père de famille

« Mon fils est fier de moi ! »
Hiipeva a deux enfants, un garçon de 12 ans et une fille de 6 ans. Comme il le dit, on n’apprend pas à être parent. “Mon fils m’a dit qu’il me préfère comme je suis maintenant parce que j’ai changé. Il est fier de moi ! Le soir de mon anniversaire, il m’a rappelé la promesse que j’avais faite un an plus tôt. Je l’avais oubliée, mais pas lui. Il m’a dit : “Papa, tu as promis que tu ne serais plus salarié et que tu serais patron de ton entreprise. Et tu l’as fait, papa. Tu es patron ! Moi aussi, je veux apprendre.” Cela m’a mis les larmes aux yeux ! Whaou !”
Grâce à tout ce qu’il a appris, Hiipeva a adopté de nouvelles habitudes. “Je ne bois plus, alors qu’avant je restais jusqu’à ce que la glacière soit vide. Je tiens d’ailleurs à présenter mes excuses à mes amis et surtout à leurs épouses parce que je me rends compte maintenant que je leur ai rendu la vie difficile quelquefois.”
Un support familial indéfectible
Pour Hiipeva, c’est grâce au soutien de sa famille qu’il a pu atteindre tous ses objectifs. “Ma femme et mes enfants m’ont toujours soutenu, dans toutes mes décisions. Comme lorsque j’ai fait ma sleeve. C’était une décision lourde de conséquences, avec des risques. C’était une préparation sur six mois, avec des consultations. Mais ils ont été là jusqu’au bout. Mes enfants m’avaient fait des dessins pour égayer ma chambre ! Et je leur en serai toujours reconnaissants.”
Hiipeva profitera d’ailleurs de ce séjour hospitalier pour lire, encore. “Je voulais vivre, mieux vivre !”
Sport, lecture, méditation, gratitude
Pour Hiipeva, il n’est plus temps de se plaindre ou de se sentir victime du système. Pour que sa journée se passe du mieux possible, il a mis en pratique les principes tirés du livre “The Miracle Morning”, de Hal Elrod. “Au début, j’étais très précis sur la méthode préconisée par le livre, mais maintenant, j’ai simplifié un peu les choses. Je me lève à 5h00 tous les matins, voire 4h30 en période scolaire. Je fais mon sport ou je prends le temps de lire un livre, puis je médite, je prends le temps de remercier l’Univers pour tout ce que j’ai de positif dans ma vie. La gratitude est quelque chose que je ne mettais pas du tout en application. Maintenant, dès que quelqu’un se plaint dans ma famille, je dis stop. On ne va pas polluer les énergies positives de la maison.”
Hiipeva veut être un cadeau pour les autres, quelqu’un qui apporte quelque chose de positif. “Maintenant, je remarque que même mes relations me renvoient cette image. Nous sommes tous un miroir les uns pour les autres.”
Quant aux anciens amis, qui l’ont connu tel qu’il était avant cette remarquable transformation, Hiipeva remarque que certains se sont éloignés. “Ils ont peur de ce que je suis devenu. Il y en a qui essaient de me ramener à mon ancien état mais je ne me laisse plus entraîner. J’ai d’autres choses à faire.” Et il y a ceux qui, au contraire, prennent exemple et lui demandent des conseils pour améliorer leur situation. “Je leur apporte ce que je peux, je les conseille sur leurs investissements, leurs projets de construction, et je suis content de pouvoir les aider à ma manière.”
Apprécier la vie
Avec le recul, Hiipeva se rend compte qu’il a énormément appris de toutes les expériences vécues. “Si je n’avais pas vécu tout ce que j’ai vécu, je ne serai pas la personne que je suis maintenant. Ce sont autant de leçons qui m’ont permis de grandir et d’apprécier la vie que j’ai maintenant. J’ai compris beaucoup de choses et j’ai appris de toutes les personnes que j’ai rencontrées.”
« La vie prend une autre tournure, elle a un autre goût. »
« Personne ne nous a dit que la vie serait facile. Je conseillerais à chacun de s’accrocher, de travailler pour ses rêves, pour s’accomplir, se réaliser. Ça en vaut la peine. On a le droit de baisser les bras, d’avoir des coups de “blues”, des coups de fatigue, mais il faut se relever, regarder vers la Lumière, et choisir d’avancer. C’est donné à tout le monde. On a aussi le droit de demander de l’aide. Il n’y a aucune honte à avoir. Et la vie prend une autre tournure, elle a un autre goût. Et ça vaut vraiment le coup. »