Aujourd’hui, votre écrivain public préféré vous emmène à la rencontre d’Isabelle Vahirua, chimiste de profession, qui souhaite partager avec la Polynésie tout entière sa passion pour les huiles essentielles, en particulier celles issues de la flore locale.
Nous rencontrons Isabelle dans un salon de thé-pâtisserie bien connu de Pirae. Autour d’un thé, notre jeune retraitée raconte avec plaisir son parcours.
Après un baccalauréat scientifique obtenu à Nouméa à la fin des années soixante, Isabelle revient avec sa famille s’installer à Tahiti. Puis elle obtient un DUT de chimie à l’Institut Universitaire de Technologie de Montpellier. Elle est alors embauchée dans l’administration territoriale en tant que technicienne supérieure de laboratoire au laboratoire d’analyses médicales de l’hôpital Mamao, où elle exercera pendant sept ans. “Ce n’était pas facile, car on pouvait m’appeler en pleine nuit pour faire des analyses sanguines en urgence. A ce moment-là, je venais aussi de me marier et de fonder une famille. Il fallait jongler avec ce métier très prenant et mes enfants.”
Après le laboratoire d’analyses de l’hôpital, Isabelle postule pour un poste de technicienne chimiste à l’Institut Malardé où elle travaille durant encore sept années dans le laboratoire du Dr Bagnis. “J’étais chargée d’effectuer des recherches sur les poissons porteurs de la ciguatera, afin d’en extraire la toxine en vue d’en identifier la structure chimique.”
Au bout de ces quatorze années, Isabelle Vahirua décide de reprendre ses études en Licence à l’Université de Montpellier et après trois années de travail soutenu, elle décroche un diplôme d’études approfondies (DEA) en chimie organique, correspondant à cinq années d’études post-bac : “J’ai notamment travaillé sur l’huile essentielle de romarin, plante aromatique très connue en Méditerranée et inscrite à la pharmacopée française depuis le 13ème siècle.”
Son laboratoire à l’Institut Malardé
A son retour à Tahiti, Isabelle se lance en 1990 dans l’étude des plantes aromatiques et médicinales locales, utilisées par les guérisseurs polynésiens. “Avant de quitter la France, j’ai décidé de soutenir une thèse pour obtenir mon doctorat. C’est ainsi que j’ai obtenu du conseil d’administration de l’Institut Malardé, la possibilité de mener des recherches dans ce domaine. J’ai étudié une trentaine de plantes et en ai distillé des huiles essentielles, à partir des feuilles, des racines ou d’autres parties de ces plantes. Le but était d’étudier la composition chimique des huiles essentielles obtenues. J’ai décroché mon doctorat en 1994 à Montpellier.”
Ce qu’il faut savoir, c’est que chaque huile essentielle a une activité qui est liée à sa composition chimique. Ainsi, pour une plante d’une espèce définie, on obtiendra une composition chimique différente, selon l’espèce et en fonction de son lieu d’implantation. Par exemple, l’huile essentielle d’ylang-ylang (moto’i) produite à Tahiti avec des plantes collectées localement, aura une composition chimique différente d’une huile essentielle de la même plante collectée dans un autre pays.
L’intérêt des huiles essentielles n’est plus à démontrer. Leur utilisation est large, aussi bien en phytothérapie qu’en cosmétique ou dans la parfumerie. Le travail de recherche mené par Isabelle est précurseur en ce qui a trait aux plantes aromatiques de Tahiti. Elle est la première scientifique qualifiée à avoir poussé la recherche aussi loin sur l’analyse chimique fine des huiles essentielles de ces plantes.,soit au total une trentaine de plantes.
Une retraite active
Bien que retraitée depuis cinq ans, Isabelle maintient sa volonté de continuer ses recherches dans le domaine des huiles essentielles extraites de plantes locales. “Je me suis rendue compte qu’il y a beaucoup de ressources végétales qui ne sont pas exploitées. Mes recherches m’ont permis de découvrir le potentiel de certaines plantes. Mon objectif, à terme, est de développer le savoir acquis, en particulier par le biais de la production d’huiles essentielles de plantes aromatiques locales. Je pense également utiliser l’eau florale, un dérivé entrant dans la production de crèmes et de lotions. Ensuite, les déchets végétaux pourraient aussi être réutilisés.”
Appel aux agriculteurs locaux
Pour atteindre cet objectif, elle est confrontée à divers défis. La première difficulté à surmonter est de trouver assez de plantes pour produire de l’huile essentielle en quantité suffisante et de manière régulière. “Les plantes dont j’ai besoin ne sont pas produites à grande échelle, ce sont des plantes médicinales pour la plupart. Je plante déjà moi-même, mais c’est vraiment insuffisant. Je suis actuellement à la recherche d’espaces domaniaux pour pouvoir y produire ces plantes. Je pense qu’il est important d’avoir ma propre production afin de ne pas dépendre complètement de mes fournisseurs. En plus, je souhaite lancer un appel aux producteurs locaux pour les plantes que je ne produirai pas moi-même, comme le vétiver par exemple. Si des agriculteurs acceptent de se lancer dans la culture des plantes dont j’ai besoin, je pourrai leur acheter leur production. Je suis particulièrement intéressée par des personnes qui accepteraient de se consacrer exclusivement à la plantation des plantes qui m’intéressent parce que ces personnes-là seront des partenaires précieux et qui auront la garantie de voir toute leur production vendue.”
Dans l’immédiat, Isabelle aimerait se fournir en fleurs de “moto’i”. Cependant, elle tient à préciser un point extrêmement important : “La récolte des fleurs d’ylang-ylang doit répondre à certains critères pour garantir la qualité des fleurs. Si ces critères ne sont pas respectés, les fleurs seront inutilisables. Donc, une formation préalable est nécessaire pour connaître ces critères et fournir une récolte de qualité irréprochable.”
Si vous avez un intérêt particulier pour une plante et que vous souhaitez le partager, je suis intéressée.
La BMA pour la formation commerciale
La seconde difficulté est liée à la maîtrise de l’aspect commercial, entrepreneurial. “Je suis de formation scientifique et le côté commercial m’échappait complètement. C’est pour cette raison que j’ai choisi d’intégrer la Business Maker Academy. Je me suis engouffrée dedans avec bonheur, parce que je me suis rendue compte que ça correspondait à mes besoins. Les différents séminaires de Steeve Hamblin m’ont permis d’apprendre les bases élémentaires du commerce et de la gestion d’entreprise, de savoir comment tenir la comptabilité, comment gérer l’entreprise que je veux mettre en place et mieux réussir. J’ai compris que le marketing est le point le plus important, permettant de se faire connaître et partager ses propres valeurs. Depuis, j’ai pu travailler sur mon business-plan et le définir avec l’aide de notre expert-comptable. En plus, la Cagest m’aide par un suivi particulier pendant la première année de mon entreprise. Tout cela m’était inconnu et maintenant ça devient passionnant. Et le fait de pouvoir le faire en lien avec mon domaine de prédilection est idéal.”
Des débuts prometteurs
Actuellement, Isabelle a déjà réalisé une première création d’eau de Cologne, d’eau de toilette et d’eau de parfum. Il s’agit d’une production artisanale. “J’ai déjà créé sept produits que j’ai soumis à des tests auprès d’un panel de soixante personnes de mon entourage. J’en ai retenus quatre, que je compte commercialiser. Par la suite, je sortirai si nécessaire de nouvelles créations pour m’adapter à ma future clientèle.” Il est vrai qu’en matière de parfums, il en faut pour tous les goûts !
Les coordonnées d’Isabelle :
87329955
N’hésitez pas à la contacter si vous souhaitez répondre à son appel à la production de plantes ou pour tout autre question relative à son activité.
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