Aujourd’hui, votre écrivain public préféré vous emmène à la rencontre de Jones Witney Blake, plus connu sous le nom de Witney Make Up.
C’est au salon de beauté Pulp, à Taunoa, que Witney nous reçoit pour partager avec nous son histoire, le parcours qui l’a amené à devenir maquilleur professionnel. Witney, de son vrai nom, Jones Witney Blake (eh non, ce n’est pas un nom d’emprunt !) est originaire de la presqu’île de Tahiti. A 29 ans, il exerce son métier depuis quatre ans. Mais revenons sur son histoire.
La zone de confort
“A la base, j’ai fait des études pour être dans l’enseignement, je voulais faire un professorat. J’étudiais à l’université et en même temps, je faisais des extras dans un hôtel de la place pour avoir un peu d’argent. J’ai fait ça pendant six ans et entre-temps, je suis allé en France pendant un an pour faire de l’anglais et de l’art appliqué. Je m’en sortais bien dans le domaine des arts. A mon retour, j’ai repris les extras. Je n’avais pas de contrat, donc pas d’avenir dans ce domaine. J’étais dans ma zone de confort, j’avais juste ce qu’il me fallait.”
Au bout de ces six années, Witney se décide à bouger. Il cesse donc les extras et reste plus de six mois sans activité, sans aucun revenu.
Un premier challenge
La chance lui sourit quand il trouve un emploi dans un salon de coiffure de la presqu’île, tenu par un des ses amis. Sous la houlette d’une de ses collègues, il s’initie, entre autres choses, au maquillage. “Avant ça, je maquillais déjà les cousines, les copines, c’est tout.”
Au salon, Witney se découvre des aptitudes certaines dans ce domaine. Il aime maquiller, en fait, il aime exalter la beauté de ses clientes, leur donner la possibilité de se voir autrement.
“Un jour, j’ai dû maquiller une mariée. C’était imprévu. En fait, sa maquilleuse n’est pas venue, alors je lui ai proposé de la maquiller. Je n’avais pas grand chose sous la main et j’ai donc fait avec ce que j’avais à ma disposition. Le résultat lui a plu, ça rendait bien !” A partir de là, Witney gagne en confiance. Ses collègues l’encouragent alors à se lancer dans cette activité de manière professionnelle.
Un besoin en formation
“Le maquillage, c’est une profession, un métier. J’avais acquis un peu d’expérience, mais je sentais bien qu’il me manquait les bases, il me manquait une formation. Je me suis donc mis à chercher un stage.” Il entame alors des démarches de recherche de stage auprès des différents salons de beauté de la capitale. “J’ai fait tous les salons, mais aucun n’avait les possibilités financières de m’engager.” Pour autant, Witney ne baisse pas les bras. A cette époque, le SEFI (l’agence pour l’emploi en Polynésie française) propose des contrats sous forme de stages d’insertion en entreprises. Fort de cette possibilité, notre ami reprend son bâton de pèlerin et va de nouveau frapper aux portes. Sans succès.
Une occasion inespérée
“Au centre Vaima, je passe devant la boutique MAC. MAC, c’est une grande marque de cosmétique, connue dans le monde entier. Je me dis : “Non, c’est bon, ils ne vont pas me prendre vu que je n’ai pas de formation.” Malgré tout, je tente ma chance dans la parfumerie où se trouve cette boutique. Là, je rencontre la responsable, qui me dit, comme les autres, qu’elle a déjà une stagiaire. Elle me propose alors de faire passer ma demande à sa collègue de la boutique MAC. Je me suis demandé si elle ne se moquait pas de moi ! Mais je la laisse faire…”
Deux semaines plus tard, Witney reçoit un appel de… MAC ! “La responsable demande à me voir pour un entretien !” Notre ami est perplexe, étonné de cet appel, tant il pense ne pas être à la hauteur des attentes d’une telle boutique. “Je la rencontre donc et tout se passe bien, elle sent quelque chose ! Elle me dit alors que ce n’est pas dans la politique de la boîte d’engager des stagiaires et qu’elle recherche en fait quelqu’un pour remplacer une employée qui part en congé de maternité. Et là, elle me propose un contrat, un CDD!” Inutile de vous dire que notre ami saute sur l’opportunité qui lui est présentée !
“J’ai rencontré ensuite le patron et il m’a engagé pour un CDD de trois mois. Au bout d’un mois et demi, il me rappelle et me dit : “Viens signer ton CDI.” WHAOOO ! Et voilà !”
Dans cette boutique formidable, Witney est dans son élément. Pendant les trois années qui suivront, il va bénéficier d’excellentes formations, à l’international. “J’ai eu la chance de pouvoir voyager, à Bali, au Japon. Je suis allé suivre une formation en Australie. C’est vraiment au sein de cette entreprise que j’ai pu recevoir de vraies formations.”
Devenir entrepreneur
Au début de l’année 2018, Witney envisage la possibilité de travailler à son compte. Sur un plan plus personnel, il s’est engagé depuis quelques temps déjà dans une démarche de développement personnel par la lecture de livres. Les enseignements qu’il en retient l’incitent à se diriger vers la création de sa propre entreprise. Il entend alors parler de la Business Maker Academy, école de commerce privée basée sur ces mêmes connaissances. “Quand j’ai entendu parler de la BMA, je me suis lancé dedans. J’ai appris à bien travailler le marketing, sur les réseaux sociaux en particulier, ce qui m’a permis de me faire connaître beaucoup plus largement. C’est grâce à cet outil que j’ai pu me mettre à mon compte.”
Mais les connaissances acquises à la BMA ne s’arrêtent pas là. “Au départ, c’était le côté business qui m’intéressait. Je voulais savoir comment faire pour monter une entreprise et comment la développer. Mais j’ai appris bien plus, notamment en développement personnel, sur l’attitude que l’on doit avoir, le “mindset”, ce qui me sert dans mon business. Je suis très heureux de faire partie de la BMA et c’est grâce à ce que j’ai appris que j’en suis là aujourd’hui.”
Les projets à venir
Depuis le mois d’août 2018, Witney a créé sa propre entreprise, Witney Make Up. Il organise notamment des ateliers de maquillage à la boutique Pulp de Taunoa, située avenue du Cdt Chessé, face à la résidence Lagon Bleu. “Je propose deux types d’ateliers. Le premier où j’apprends à mes clientes à se maquiller du teint jusqu’aux yeux. Cet atelier dure 2h30 environ et je reçois les personnes par groupes de quatre. C’est un atelier complet où on apprend à préparer le visage, à savoir comment adapter le fond de teint, comment travailler tel ou tel produit. Le second atelier est plus ciblé sur les yeux, avec un style de maquillage bien particulier. Il dure une demi-heure tout au plus et convient bien aux personnes qui ne supportent pas le fond de teint ou qui ne veulent pas forcément tout apprendre.” Un petit tour sur sa page FB vous permettra de réserver votre place pour une sympathique mise en beauté.
Notre maquilleur n’a pas encore de local et intervient donc en itinérant, c’est-à-dire qu’il se déplace au domicile de sa clientèle sur Tahiti et Moorea.“C’est pratique d’avoir un local où recevoir la clientèle mais ça arrange aussi mes clientes que je me déplace, surtout quand il faut intervenir dans les grandes occasions, comme les mariages, où ce sont plutôt les prestataires qui viennent sur place.”
Ce n’est que le début puisque Witney compte développer son entreprise. “Etant addict au maquillage, mon rêve serait de créer mes propres produits. Je veux vraiment développer des produits créés localement et avoir une marque de produits “made in fenua”. Je pense que c’est faisable si je trouve les personnes qui possèdent les connaissances pour le faire, sur les matières utilisées pour le maquillage, les huiles essentielles de plantes locales et encore d’autres choses.”
Un message aux nouveaux entrepreneurs
Le parcours de Witney n’a pas toujours été facile. “Quand j’ai décidé de me lancer dans ce métier, je ne savais pas comment en parler à mes parents. Pour eux, ce métier n’avait pas le même prestige que celui auquel je me destinais auparavant et un homme dans le maquillage, ce n’est pas dans les moeurs… Ce qui allait être difficile pour eux, c’est ce que leur entourage allait dire et penser du fait que leur fils faisait autre chose que ce qu’ils avaient prévu pour lui. Mais petit à petit, mes parents ont vu que c’était du sérieux et quand j’ai commencé à me faire connaître sur les réseaux sociaux, ils ont reçu des retours très positifs de l’entourage. Cela les a beaucoup aidés à changer leur perception du métier que j’exerce. Dernièrement, je leur ai demandé ce qu’ils pensaient de moi et de mon activité. “Nous sommes très fiers de toi” a été la réponse de ma mère.”
Depuis, Witney est libéré ! “Maintenant, je n’ai plus aucune limite. De savoir que mes parents me soutiennent et sont fiers de moi me donne le courage d’aller encore plus loin!”
« Vivez votre passion sans tenir compte du regard des autres. Une fois que le mur des préjugés est tombé, on atteint un niveau de liberté où plus rien ne peut nous retenir. » (Jones Witney Blake)