Aujourd’hui, votre écrivain public préféré vous propose d’aller à la rencontre d’un jeune homme de Arue, Ariitaia Taupua. Celui-ci nous fait découvrir son parcours et sa passion pour la vidéographie.
“J’étais terrible !”
Ariitaia n’a pas eu une enfance simple et rose, loin s’en faut ! Après le divorce de ses parents, il est confié à la garde de son père et va vivre à la presqu’île avant de revenir vers la ville. Il sera scolarisé dans différents établissements et finira au lycée du Taaone. Traumatisé par les violences familiales, il devient un élève colérique et agressif : “A l’école, je tapais sur tous ceux que je n’aimais pas, sans raison. J’étais nul en classe, toujours le dernier. En terminale, j’étais terrible, je me battais souvent. Finalement on m’a foutu dehors !”. Il sortira sans la possibilité de passer le bac mais quand même avec un BEP de dessinateur-projeteur en topographie.
Une vie de débrouille
Lancé dans la vie active avec son seul diplôme, Ariitaia commence par un petit job de surveillant dans une école publique. En parallèle, il passe un diplôme de secouriste et intervient sur des postes de secours. Il apprend à socialiser, à aider l’autre. “J’étais entouré de bonnes personnes avec qui on pouvait rigoler. Cela m’a permis de changer ma façon de me comporter par rapport aux autres. Cela m’a beaucoup aidé.”
Cependant, tout ce qu’il fait ne répond pas à ce qui le passionne. Car depuis longtemps, Ariitaia a développé un grand intérêt pour l’électronique et l’informatique. “Au lycée, je n’ai pas pu suivre cette formation parce que je n’avais pas le niveau en français. Je n’ai pas eu de place car on ne prend que les meilleurs. A cause de mes mauvaises notes en français, je n’ai pas pu montrer que j’étais bon dans ce domaine.”
Au culot !
Parce qu’il veut absolument travailler dans le domaine qui l’intéresse, Ariitaia pose sa candidature dans une radio privée locale. “J’ai dû “ha’avare” un petit peu (rires) en disant que j’étais super bon en son, alors qu’en fait, je n’y connaissais rien du tout ! Mais l’avantage que j’ai, c’est que je suis un super autodidacte, j’apprends vite en observant. En fait, je suivais ce que faisaient les autres techniciens. Je pense que ça vient de nos origines, on est un peuple qui observe. Mon grand-père me disait toujours : “Regarde et apprends” et ça, je m’en rappellerai toujours.”
Après cette expérience, il travaillera à l’Assemblée de Polynésie française en tant qu’informaticien. Dans ce domaine, comme dans tout le reste, il apprend sur le tas. “Je n’ai aucune formation, j’ai tout appris par moi-même. J’ai appris le codage html, le montage informatique, le câblage des réseaux, la configuration des PC. Je faisais un travail de niveau Bac+2 alors que je n’avais même pas le bac !” En plus, il s’occupait aussi de la prise de son durant les réunions de l’assemblée, des visites des scolaires. Il était aussi en charge du marché informatique de l’APF.
C’est à ce moment-là qu’il découvre l’infographie. “J’avais un collègue qui faisait de l’infographie. Il m’a installé le logiciel et j’ai commencé comme ça. Au début, c’était difficile mais petit à petit, je me suis amélioré. J’ai découvert que j’étais un artiste !” Très rapidement, Ariitaia devient un expert en la matière et commence à vendre ses productions.
Entrepreneur
La découverte de l’infographie encourage Ariitaia à se mettre à son compte. Avec toutes les connaissances dont il dispose et son aptitude innée pour l’apprentissage autodidactique, il décide donc, en 2017, de monter son entreprise.
“En fait, en 2002, j’avais déjà pris une patente mais je n’avais pas réussi parce que je ne connaissais rien à la comptabilité, à la gestion et au marketing. En 2017, quand j’ai démarré cette nouvelle entreprise, je me suis dit qu’il fallait aussi que je me forme sur ça.”
Une formation à la Business Maker Academy
Inspiré par l’exemple de l’un de ses amis, Ariitaia décide d’intégrer la Business Maker Academy. Retrouvez ici son témoignage à propos de son cursus à la BMA. Ce que retient notre ami, c’est que la BMA l’a vraiment bien aidé à s’accepter, à se reprendre en main, et à avancer.
Mon grand rêve, c’est de réaliser des films
“C’est vraiment mon objectif phare. Pour commencer, je veux me procurer du matériel professionnel pour remplacer celui que j’ai. J’ai déjà évalué la somme qu’il me faudrait pour acquérir le matériel nécessaire. J’aimerais changer le monde de la télévision locale, parce que, quand je regarde ce qui passe sur les chaînes locales, les télénovelas, tout ça, je trouve que ça n’apporte que des mauvaises choses. Je veux mettre en avant nos valeurs, notre culture. Je veux travailler avec nos jeunes. Et ensuite, je veux faire des films et viser le marché international.”
Le message d’Ariitaia
“Mon grand-père me disait toujours : “Lève-toi, faut pas dormi’ simmen” et c’est ce que j’aimerais dire. Il faut avoir une vision de soi-même et trouver ses propres valeurs. »
« Il faut faire que sa vie soit un modèle pour les autres.”
Texte : Meria Orbeck / Photo : Ariitaia Taupua / Mars 2019
Une réflexion sur “Je suis un surdoué de l’informatique !”
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